Photo Catherine Dauriac/Bataclan 2012 |
« Mélenchon nos
âmes » dit une pancarte ( auvergnate) au Capitole, à Toulouse, le 5 avril
2012
Hier soir sur France 2,
Jean-Luc Mélenchon nous a encore régalés. Soudain chez les jeunes bien élevés
du public aussi bien que chez les journalistes, une détente, des sourires, des
rires qui faisaient du bien.
Pourquoi ?
Jean-Luc M élenchon
n'est ni se veut un monument, nous ne sommes pas mal à l'aise, inquiets pour
lui comme nous le sommes pour certains dont on redoute le moment où ils vont se
vautrer sur leurs mensonges, se prendre les pieds dans le tapis de leur
incompétence. Il ne veut pas nous protéger, nous récompenser, nous punir :
c'est un copain, un ami. Merveilleux ami qui donne une énergie incalculable aux
cerveaux, aux mains, aux bras, aux jambes qui s'activent, dans l'anonymat le
plus souvent, pour une cause commune qu'il a su focaliser.
C'est le moment qui veut ça,
l'heure est grave et nous n'avons devant nous ni trois vies ni trois planètes
pour prendre le temps de tergiverser.
Il est dans l'urgence, nous
sommes dans l'urgence, il y a urgence.
Ce qui lui permet d'être ce
qu'il est dans ces circonstances, et de ne jamais décevoir, est le fait qu'il
est parfaitement sincère et que, personnellement, il place la réalisation de
soi bien au delà de quelques réussites ponctuelles, et, même en politique,
somme toute éphémères et superficielles.
Peu de politiques ont fait
dans l'histoire récente quelque chose de bien ou de bien qui n'a pas été
dévoyé. Cela fait si longtemps qu'ils rafistolent, ne sachant plus où donner de
la tête, dans l'instant, à tel point que tout notre monde occidental est dans
cet affolement, sans jamais de repos ni de belles envolées.
On étouffe, il donne de
l'air.
Aussi, personne ne pourra le
prendre en défaut ; il offre à ses interrogateurs et à ses auditeurs une
transparence sur le chemin qui l'a conduit jusqu'ici.
Ce chemin fait de
curiosités, de remises en question, d'ouvertures et d'écoutes qui semblent bien
être, au fond, son idéal.
Du reste Jean-Luc Mélenchon
n'a pas de détracteurs ; certes les libéraux disent que son programme
économique est irréaliste, c'est normal, ils s'affolent un peu plus mais
semblent oublier qu'avoir déboulonné l'aristocratie régnante semblait
irréaliste aussi à certains esprits formatés, confinés, dociles. Et pourtant,
nos ancêtres l'ont fait !
On ne peut contredire le bon
sens, on ne peut que l'insulter, le nier, dans la plus totale impuissance.
La révolution que nous avons
à faire aujourd'hui est de la même importance. Pendant des siècles, l'Église a
tenu le peuple dans l'ignorance et la peur.
Que fait le libéralisme
d'autre aujourd'hui ?
Seulement, le peuple, c'est
l'espèce humaine avec, comme toutes les espèces qui peuplent depuis toujours
cette planète, une immense force de vie, un instinct de conservation.
Ce que ne comprennent pas
les libéraux c'est que cette force de vie est aussi puissante que n'importe
quelle force naturelle : indomptable.
Pour en revenir à Jean-Luc
Mélenchon, ceux qui le craignent ou le haïssent ( ou les deux) sont « les
petits hommes » si bien décrits par W. Reich car cette force de vie qu'il
représente menace le petit homme immature dans son ivresse de pouvoir, tout
puissant derrière ses mensonges, dans sa folie du jeu, mort en lui-même...
Et aussi ceux qui sont au
service de ces gens-là, les courtisans et les servants, ignorant même leur
servitude.
Ils jouent et leur casino
n'a pas d'équivalent et la tricherie, inhérente au jeu, leur semble si admise
qu'ils la croient naturelle. Ils trichent avec eux-même parce qu'ils renient ou
qu'ils ont honte de leur appartenance au peuple ; le peuple, pour ces
tricheurs, n'est qu'un ramassis d'obèses, de déglingués, d'abrutis, de
crédules, d'ivrognes, ils veulent croire à un déterminisme qui les aurait
placés plus haut ! Ils ne peuvent pas voir que ces malheurs ne sont que le
fruit de leur égoïsme, leur bêtise et leur irresponsabilité, qu'aucune place ne
leur a été faite pour se construire, s'épanouir, et vivre, tout bêtement.
Ils se contentent de pouvoir
sur les faibles ; cela s'appelle la lâcheté.
Ils cèdent à quelques
concessions, oh combien loin du réel, pour se maintenir, et prônent
« l'égalité des chances » !
Quelle blague !
Leur éducation ne parvient
que fort mal à appâter certains pour qu'ils trahissent...
Ils n'ont donc, contre celui
qui ( bien modestement, à un moment donné, dans un modeste pays) représente
cette force de vie, que des injures, des insultes, des calomnies à
proférer ; l'arme des impuissants.
Pourquoi Jean-Luc
Mélenchon suscite-il l'engouement des foules ?
Parce qu'il cloue le bec à
ceux qui s'agitent devant ce surgissement d'énergie- ce que beaucoup d'entre
nous ne peuvent pas faire-, parce qu'ils désarme les attaques contre une
mauvaise cible. Et parce qu'il a foncièrement horreur de l'ignorance arrogante
des imbéciles prétentieux, cela lui est aisé.
En effet, si Jean-Luc
Mélenchon avait eu, depuis tout petit, comme ce fut le cas pour notre cher
Miterrand ! le désir obsessionnel du pouvoir, qu'aurait-il attendu tant de
temps avant de se déclarer ?
Que n'aurait-il joué des
coudes, dans son parti d'origine, pour se hisser au sommet ? Que serait-il
aller se mettre dans une contestation (de bon sens plus que de contre-pouvoir)
attendant patiemment qu'on le hisse à la première place !
Il agace.
La réussite d'un tel homme
ne se contenterait pas d'un éphémère séjour au pouvoir et à la richesse :
elle ne peut se réaliser que dans le passage du flambeau à la postérité.
Ses ambitions sont bien plus
souveraines : c'est l'apanage du héros qui ne manque pas d'orgueil ni de
personnalité mais qui place son destin bien plus haut que sa personne.
Et cela, pour le bien de
tous.
Et cela agace, et cela
inquiète...
Mais pas tout le
monde !
Ceux qui le suivent et ceux
qui le soutiennent savent qu'il a une parole à porter, un combat à mener et
qu'il a la force et le talent nécessaires pour cette lourde tâche.
Ne crachons pas dans la
soupe : nous sommes bien contents qu'il soit cet homme-là, là, mais soyons
sûrs d'une chose : il ne nous entraînera pas là où lui veut aller, pour
lui-même, nous le portons pour qu'il nous mène là où, ensemble, nous voulons
aller.
Et cela fait toute la
différence.
Je ne pense pas que Jean-Luc
Mélenchon, accédant à la Présidence, y resterait jusqu'à ce que mort s'ensuive,
rendu indispensable à maintenir ce nouvel ordre du monde. Il trouverait les
relais ( et nous devons penser à être et à créer ces relais) pour pouvoir, une
fois sa tâche accomplie, retourner à la vie ordinaire, but finalement de tout
ce cirque que l'on nous contraint à faire, depuis des siècles, pour y parvenir.
But qui doit nous rendre vigilants à chaque instant : nous nous sommes
endormis pendant trente ans, croyant que « c'était arrivé » et,
pendant que nous dormions, tout a été détricoté !
Je m'illusionne peut-être
mais c'est cette certitude qui m'attache à lui de manière indéfectible.
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