Par un moche matin couleur sépia, Blacksad, détective privé de son état - ou ''fouille-merde'' selon certains - est appelé par le flic Smirnov pour reconnaître un cadavre. Il reconnaît : c'est Natalia Wilford, une actrice avec qui il a vécu jadis la plus heureuse époque de sa vie. En bon flic, Smirnov lui conseille de garder le museau hors de cette affaire. En bon fouille-merde, Blacksad ne suit pas ce conseil avisé : un salaud a tué une femme et, par la même occasion, ses meilleurs souvenirs. Il va payer.
Le voilà donc sur le sentier de la guerre, cherchant des tuyaux dans les bouges où une truie ne retrouverait pas ses petits. Jusqu'au moment où, Smirnov ayant reçu l'ordre d'étouffer l'affaire pour cause d'intrusion dans les hautes sphères, il charge Blacksad d'éliminer tout simplement l'assassin. Quitte à remuer la boue, autant que règne un semblant de justice et que les puissants paient leur faute. En l'occurrence, Ivo Statoc, l'homme le plus riche de la ville, assassin à sang froid, très calme, convaincu que tout le monde a son prix. Mais Blacksad se fout de l'argent, et il n'aime pas le sourire de ce type.
Si on peut appeler ''sourire'' l'espèce de pli qui barre sa tronche de reptile. En effet, comme dans tout bon polar qui se respecte, le monde est une jungle où chacun bouffe son prochain. Mais cette fois, le casting est clair : il est bestial. Du gorille au rat en passant par le crocodile, tout ce qui a des griffes et des dents est réuni là. Le scénario bien huilé et respectueux des thèmes du genre, est servi par un dessin superbe : perspectives audacieuses, cadrages virtuoses, gueules sidérantes, pointe d'humour distillée en finesse, le tout décliné dans une jolie gamme de gris colorés parfaitement assortie à la désespérance ambiance.
Scénario génialement noir de Juan Diaz Canales, et superbes dessins de Juanjo Guarnido - publié chez Dargaud
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